samedi 24 août 2013

Une longue et périlleuse descente

Le dernier jour de mon périple pyrénéen commence à 6h30, heure de réveil. Je ne suis pas le premier à décoller, le groupe de grimpeurs espagnols a levé le camp dès 6h. Le copieux petit-déjeuner servi, je m'interroge sur ma journée et sur mon aptitude à rejoindre la voiture. Le choix est simple : soit je descends à la Mongie (environ 4h) en espérant trouver quelqu'un qui puisse me prendre en stop et me ramener à Barrèges via le Col du Tourmalet, soit je traverse à pieds via deux cols, sur un chemin pas évident, pour rejoindre mon point de départ. Le gardien du refuge m'indique qu'il faut 6h, minimum. La météo s'annonce très belle, aujourd'hui ce qui me pousse à tenter l'aventure à travers les montagnes malgré ma fatigue et ma cheville douloureuse. Je profite d'ailleurs du ciel bleu pour prendre quelques photos du refuge et du lac de Campana.



Je pars vers 8h en reprenant le chemin inverse d'hier pour rejoindre le Tulhou de Cloutou, puis la hourquette de Caderolles via un chemin que je n'ai absolument repéré la veille. Il faut repasser sur un certain nombre de névés assez dangereux, mais je reste très prudent. N'arrivant pas trouver le chemin, je finis par monter en hors piste et je ne rejoins le sentier que quelques centaines de mètres avant d'atteindre la hourquette, 1h30 après mon départ. Les espagnols qui prennent le même chemin que moi ont une heure d'avance. Je les aperçois dans la descente vers le lac de Port-Bielh. Magnifique vue sur ce val partiellement glacé


 Je fais une petite pause pour réfléchir à la suite de ma randonnée. Soit je redescend vers le bas du lac en suivant le chemin plus ou moins bien tracé, puis je remonte à la hourquette de Néré ce qui fait quand même un petit dénivelé de 500 m en montée et en descente. La 2eme option, plus aventureuse, consiste à contourner le lac par sa droite en traversant un très long névé caillouteux. Dès le début de la descente, je perds le chemin et, presque par la force des choses, je décide de traverser sur le névé limitant ainsi le gros dénivelé. Un passage 100% hors piste, compliqué et assez dangereux. Le névé est épais, parfois instable et pentu et je ne fais le malin quand il s'agit de traverser les passages délicats.

 
J'avance laborieusement cherchant la meilleure trace tous les 30, 40 m. Je me vais laisser piéger deux, trois fois dans la neige molle, enfoncé jusqu'aux fesses. Les poussées d'adrénaline sont très fortes dans ces moments-là, surtout au regard de mon isolement total. Finalement, je rejoins le chemin "officiel" qui monte en raidillon jusqu'à la hourquette. Étrangement, cette montée, abrupte mais banale, va me scier les pattes : peut-être la traversée du névé a consommé toute mon énergie. Une pause en haut s'impose, d'autant qu'il s'agit, sauf erreur d'aiguillage, de ma dernière montée.


J'en profite pour faire ma pause repas composé d'un reste de pain, de pâté et de saucisson : un vrai cauchemar de diététicien. Un jeune couple descend du pic d'Aygues Cluses. Je repère leurs traces pendant leur descente : de nouveau, un long passage en névé semble se dessiner. J'engage la descente qui s'avère, à la fois tranquille et très belle.



Je rejoins vers 14h la cabane d'Aygues Cluses. Elle est pleine de matériels, sacs à dos, sacs de couchage et autres vêtements en cours de séchage. Il ne manque que les randonneurs qui semblent partis pour la journée. Rassurant de constater qu'on peut, en montagne, laisser son bardas d'équipements, sans craindre les voleurs.
J'emprunte le vallon d'Aygues Cluses bien plus agréable aujourd'hui, sous le soleil et dans la descente, plutôt que sous les trombes d'eau. Un chouette sentier en bordure de torrent


Par contre, difficile d'imaginer que ce torrent ait pu grossir énormément, sortir de son lit et provoquer des dégâts aussi considérables sur Barrèges, à peine un mois plus tôt. Pourtant le GR10 porte les stigmates évidents d'un forte montée des eaux. Par moment, le sentier est impraticable, jonché de cailloux et de branches d'arbres.


En dessous de la barrière symbolique des 2000 m d'altitude, la chaleur (que je n'ai pas connu depuis le premier jour) devient rapidement étouffante. La fin de la descente est assez éprouvante, le long d'une piste de 4*4 et en plein cagnard.


J'arrive vers 15h30 à proximité de mon véhicule, heureux de ma longue traversée bien sportive. On ressent toujours un étrange sentiment de plénitude et de satisfaction à la fin d'une longue randonnée. Je cède à un rituel immuable : dépose du sac dans le coffre, retrait des chaussures de rando, longue période de décontraction musculaire etc...


Je remarque le camion des espagnols garés non loin de ma voiture : ils ne sont pas encore arrivés. En coupant à travers le névé à Port-Bielh, j'ai du les doubler en cours de route. C'est une petite fierté.

Ici s'achèvent mes quatre jours de randonnée dans le Néouvielle. J'ai hâte d'y revenir.

Carte de la quatrième journée dans le Néouvielle



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2 commentaires:

  1. bah moi je l'aurais pas fait ... tu t'en doutes bien... (ref : ma dernière rando pyrénéenne...)
    Proud of you !!!
    biz

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  2. Tu te trompes ; mais tu aurais peut-être choisi de suivre le groupe d'espagnols....
    Biz

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