vendredi 23 août 2013

Se réfugier quelque part...

La nuit fut courte et le réveil douloureux. Ma cheville, qui a bien vrillé la veille lors de la descente de l'Orédon, me fait souffrir, ce matin. J'essaye d'oublier les courbatures dans les mollets.
Le temps est clair. Je prends un petit-déjeuner léger car je n'ai plus grand-chose à manger dans mon sac. Malgré les 4 heures de pluie nocturne non stop, la tente est sèche et je peux la replier sans trop de difficulté. Je suis rapidement prêt à repartir à l'aventure.


Mon sac est assez mal organisé. Le sac de couchage et le matelas compriment ma gourde d'eau en plastique et obstruent le tuyau qui me permet de boire. Et globalement, la répartition du poids n'est pas terrible, avec un déséquilibre marqué vers le haut du sac. Un sac à dos "bien cylindrique" m'aurait assuré un meilleur maintien, je le saurais pour la prochaine fois.
Je débute en douceur cette randonnée en prenant la direction du refuge de Bastan. La montée vers ce refuge n'est pas très difficile, à peine 2h-2h30 de marche. Un grand crochet par une sapinette est nécessaire, puis la montée devient plus directe, avec une succession de petits lacs et laquets.
Le temps est bien meilleur, aujourd'hui : la sensation d'humidité est moins forte. De gros nuages blancs restent néanmoins accrochés dans le ciel.

   
Je ne tarde pas à arriver au premier lac de Bastan, dit lac inférieur. Le vallon est splendide. Deux pécheurs taquinent la truite et j'essaye d'être le plus discret possible pour ne pas les déranger. Je suis rassuré de croiser enfin quelqu'un ce qui n'est pas arrivé depuis mon départ du lac de L'Orédon, la veille.


Dans l'axe du lac, la vue sur le pic long du Néouvielle (ou le pic d'Estaragne, je ne sais pas trop) est fort belle. L'impression de sérénité qui se dégage du lieu m'envahit et me réchauffe : cela fait du bien après les deux journées humides et glaciales que je viens de connaître. Le tableau pourraît être idyllique et si mes fringues n'étaient pas aussi trempés, me rappelant les petites galères de la veille.
Je poursuis mon chemin et, vers 12h, j'arrive au lac du milieu dont les berges abritent le refuge de Bastan.


Le temps se couvre, avec une remontée extrêmement rapide des nuages dans la vallée, mais cela ne gache en rien la beauté sauvage de ce site.
N'ayant pas beaucoup mangé le matin, je pense à la bonne garbure que je vais engloutir avec avidité, ce midi. Je pose mes affaires dans le refuge, qui est totalement vide, en attendant l'arrivée du gardien. Deux randonneurs ne tardent pas à me rejoindre. Il m'annonce une mauvaise nouvelle : le gardien ne reviendra pas avant 16h car il est parti ravitailler avec son âne. Donc pas de service à midi. Décidément, je ne suis pas verni. Me voyant à court de nourriture, les deux randonneurs, qui terminent leur périple, m'offrent du pain, du saucisson et quelques fruits. Mon déjeuner reste léger mais je suis prêt à poursuivre mon chemin.
S'il n'y a personne au refuge du Bastan, un autre refuge existe, un peu plus loin dans le vallon, le refuge de Campana. Bon, il va falloir bien grimper, avec passage au col de Bastanet obligatoire (2507 m). Je repars vers 13h, j'ai les cuisses lourdes. Par dessus le marché, la montée au col est bien raide avec un cocktail d'éboulis et de névés. J'arrive épuisé en haut, mais je suis récompensé de mes efforts. La vue sur le Tuhou de Cloutou, sorte de petit val en cuvette composé de laquets, d'éboulis rocheux et de névés (à cette saison) est à couper le souffle.




Je croise un petit groupe de grimpeurs espagnols qui ont posé leurs sacs et débutent l'ascension du Pic de Bastan (qui n'a pas l'air très difficile avec un chemin quasi tracé). Je les retrouverais un peu plus tard au refuge de Campan.
La descente à travers le Tuhou de Cloutou n'est pas difficile, mais il faut quand même être très prudent sur les névés qui fondent très vite et sont fragilisés. Les bâtons s'avèrent très utiles pour tester la résistance de la neige glacée.


Au loin, les nuages d'orages commencent à envahir le ciel. J'accélère mon pas pour arriver au refuge avant les premières gouttes et, ô miracle, je vais y parvenir...


16h00 à la pendule du refuge. Chaque goulée du chocolat brulant, que je viens de commander, m'inonde d'un plaisir qu'on ne peut ressentir qu'à ces moments-là. Un jeune couple de randonneurs, sans beaucoup d'expériences, cela se voit, déguste également leur chocolat. Ils viennent d'effectuer l'ascension depuis la Mongie, délicate et caillouteuse d'après la gardienne du refuge. Ils me font beaucoup penser à Anne et moi quand nous étions un jeune couple découvrant la montagne. Ils sont hésitants dans leur choix : dormir au refuge ou redescendre tout de suite. Je leur propose de rester car l'orage apparaît inévitable vu la couverture nuageuse. Ils décident néanmoins de repartir, mais c'est un mauvais choix. A peine 5mn après leur départ, l'orage pyrénéen éclate avec le cocktail classique de pluie battante, d'éclairs impressionnants et d'invraisemblables coup de tonnerre. Il va pleuvoir pendant deux bonnes heures. J'ai un peu de peine pour ces deux jeunes car ils vont arriver tremblant, trempés et déçus à leur hôtel de la Mongie.
Le soir, je vais sympathiser avec un grand groupe de femmes qui ont décidé de découvrir le Néouvielle ensemble (elles sont 9). Échange de conseils et de lieux à découvrir, avertissements sur certaines difficultés du parcours (notamment la traversée des névés), blagues et ambiance festive, le repas du soir est sonore et agréable. Fatigué par ma courte nuit de la veille, je me couche bien vite et à 22h, Morphée m'a déjà pris dans ses bras...

Carte de la troisième journée dans le Néouvielle



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