mercredi 2 octobre 2013

Nuit et Brouillard

Pour les randonneurs parcourant le GR10, la haute montagne débute à la Pierre –Saint Martin. Le sentier quitte le pays basque (la Haute Soule) et monte très rapidement en altitude. C’est le point de départ pour le pic d’Anie qui est, depuis l’Ouest, le premier vrai sommet de la chaîne pyrénéenne. La station de ski de la Pierre – Saint Martin est à 1500 m à peu près. 
Pendant les premiers kilomètres, Le GR10 passe en bordure des pistes de ski caillouteuses.
Avant de débuter l’ascension proprement dite, on passe par le refuge Jeandel où Pierre retrouve John, un néo-zelandais, qui a effectué plusieurs étapes avec lui en début de semaine. Nous allons plus tard le retrouver à Lescun, en compagnie de Jean-Pierre, un suisse. Tous les deux font la traversée du GR 10, d’ouest en est. Ils sont âgés de plus de 60 ans et ont une sacrée condition physique.

On débute la montée en douceur dans le brouillard.  Premier arrêt au bout de 15 mn près d'une bergerie où on achète un gros morceau de fromage de brebis, histoire de compléter nos provisions. Le berger, un peu baba cool, nous explique que le temps a été très médiocre cet été sur le vallon et qu’il a hâte de redescendre. Il semble un peu usé, fatigué. Son fromage est un peu frais, assez fort en goût mais cela va le faire quand même. On reprend notre marche à petit rythme.
Dans le brouillard, surtout à cet endroit, il faut être très prudent et bien repérer le chemin. Le haut de la Pierre-saint Martin est formé d’un paysage de Lapias, composé d’un ensemble de blocs rocheux très dentelés. De multiples gouffres et trous parsèment ce secteur, considéré comme La Mecque de la spéléologie. 

Jusqu’à la plaine de Pescamou, on monte assez franchement, puis par la suite, l'ascension est plus douce sur un sentier très vallonné et très minéral. Le brouillard renforce l’impression d’isolement. Tout seul, j’imagine qu’on peut facilement se faire peur, isolé dans un paysage aussi mysterieux.
Plus tard à Lescun, la propriétaire du gite d’étape nous raconte qu’un couple d’espagnol s’était fait piégé, en juillet l’année dernière, au col des annies, par un épais brouillard, suivi d’une tempête de neige. Mal équipés et malgré la couverture de survie, ils étaient morts de froid dans la nuit…
Pour nous, la question du bivouac se pose, au fur et à mesure où les heures défilent. Il apparaît impossible de poser la tente sur un espace plat, dans cet amas chaotique de pierres enchevêtrées. Finalement, en bordure d’une piste de ski, on trouve un petit espace accessible permettant de poser la tente. Il est 19h30, la nuit tombe et le brouillard est toujours dense. J’ai les jambes un peu lourdes pas encore habituées à la marche quotidienne.

Notre premier feu, bien réconfortant, s’avère être une franche réussite. Il ne fait pas vraiment froid, mais l’humidité, liée au brouillard, est intense.

Pierre a beaucoup de difficultés à utiliser son petit réchaud P3rs. Il est très sensible au vent et semble avoir du mal à chauffer. On mange notre soupe tiède et les nouilles ne sont pas cuites dedans. Heureusement qu’on se venge sur le fromage. Il est à peu près 21h, je suis crevé : direction dodo. L’inconfort est relatif : le matelas autogonflant permet de limiter la casse sur les cailloux. Je m’endors bien vite, d’un sommeil haché.
Parcours de la première journée de randonnée