Cette année, j’ai eu un
petit créneau pour partir quelques jours en Septembre, rejoindre
dans les Pyrénées mon ami Pierre. En tout, cinq jours sont disponibles : c'est peu mais cela permet quand même de planifier un petit parcours agréable. L'organisation est assez acrobatique dans la mesure où nous prévoyons de marcher tous les jours. Il va falloir que je m'organise pour arriver sur place tôt le matin et repartir tard le dernier jour. Les trajets en voiture de nuit risque, dans cette période assez intense au niveau professionnel, d'être bien crevant. Et il ne faut pas s'imaginer que je vais avoir du temps pour me mettre dans le rythme...
Le mois de Septembre est peut-être la période
idéale pour randonner. En période estivale (Juillet et août), les
refuges sont pleins et, surtout, le risque d’orage est si élevé
sur la chaîne montagneuse qu’il est pratiquement impossible de
marcher plusieurs jours sans y avoir droit. Septembre est un mois
plus calme. Les randonneurs sont moins nombreux, le temps est moins
agité, même si le risque de pluie reste important.
Nous avons décidé de partir en
bivouac et en ultra léger. L’idée est de prendre sur soi le
minimum, rien de superflu. L’organisation du sac est un compromis
assez subtil. Il faut prendre suffisamment de choses pour être
autonome 4 ou 5 jours, tout en limitant au maximum le poids à porter.
Pierre est parti depuis lundi. Il a
pris son réchaud miniature (P3rs), le minimum de vêtements, une
tente une personne, un sac de couchage, un matelas et de quoi manger.
Jusqu’à mon arrivée, le vendredi, Pierre va suivre le GR 10 à
partir de Saint Jean-Pied-de-port et dormir dans les refuges. Le pays
basque est un bon échauffement. Je me creuse un peu la tête pour
l’organisation de mon sac : finalement, je prends les éléments
suivants : la tente de bivouac 3 places (2kg), un change complet
(+ bonnet, gants et collant en cas de nuit fraiche), une veste de
pluie, un poncho, un sac de couchage (1kg), un matelas autogonflant,
une petite trousse de soins, une mini-serviette, un sac de toilette,
de quoi manger et une gourde de 1l. Pour les repas, attention à ne
pas trop s’alourdir, je prends donc le minimum : un paquet de
nouilles (500g), deux plats lyophilisés, deux boites de pâté, du
pain de mie, des paquets de gâteaux, du café et thé en
sachet….c’est court, mais cela devrait aller…
Jeudi soir, juste avant mon départ
pour le sud, Pierre m’a laissé un court message : son P3rs
fonctionne mal. Il m'indique que je peux récupérer chez lui l’ancien
modèle qui, semble t-il, marche beaucoup mieux. Pour cela, d’abord
récupérer les clés chez l’artisan-luthier, en face…puis
trouver le P3rs quelque part dans l’appartement. Je ne serais
jamais un bon cambrioleur car, malgré tous mes efforts, je n’ai
jamais pu mettre la main sur le minuscule réchaud. Cela m’ennuie
beaucoup car, sans le P3rs en état de marche, pas de repas chaud le
soir ; cela risque de compliquer le bivouac.
Malgré ce problème, je n’ai pas
d’autres choix que de prendre la route vers le Sud avec une escale
nocturne chez mes parents, en Dordogne. La fatigue de la journée se
fait sentir ; il est plus d’une heure du matin quand j’arrive
chez mes parents. Je me couche rapidement car je sais que la journée
de demain va être longue !!!
Le lendemain, je pars vers 9h30 en
imaginant avoir oublié plein de trucs. Pierre me laisse un nouveau
message m’indiquant qu’il est arrivé à Sainte-Engrâce et qu’il
m’attend. Je l’appelle : on discute de cette histoire de
réchaud. On convient d’acheter deux cannettes afin d’envisager
la possibilité de réaliser un nouveau P3rs. La route se passe bien
jusqu’à Oloron – Sainte Marie où un bouchon m’attend :
il est treize heures et je n’avance plus. Je décide de passer par
une petite route pour rejoindre Saint-Engrâce mais c’est un
mauvais choix. Je tourne, je tourne, je tourne mais n’avance pas.
En plus, je ne croise que des supérettes fermées et n’arrive pas à
trouver la moindre canette. J’arrive finalement à 14h30 à Sainte-Engrâce après un périple en voiture épuisant. Pierre est là :
il a l’air fatigué. On prend une petite bière au gîte en
étudiant la carte, histoire de bien réfléchir aux prochaines
étapes.
L’idéal serait d’atteindre le cirque de Lescun, le plus
rapidement possible, et de faire plusieurs étapes autour du cirque. Nous décidons, après réflexion, de reprendre la voiture et de monter
jusqu’à la Pierre – Saint Martin. Cela évite une montée longue
et sans grand intérêt, en sachant qu’il faudra, de toutes façons, revenir au point de départ.
On arrive à la Pierre Saint Martin
dans une bonne vieille purée de poix. Le brouillard a envahi tout le
vallon et toutes les crêtes frontalières. Bref, on démarre notre
périple dans un brouillard épais et froid. Il est à peu près
15h30. Il n’est plus question de reculer : c’est parti pour
5 jours de rando en bivouac…